A la fontaine de feu
Qui dort dans mes mains ouvertes
Écoutant les feuilles mortes
Transpercer sa chair brûlante
L’oiseau boit la flamme verte Seul témoin de mon espoir
Il jure par le soleil Par la cendre de mes yeux
Par le puits de mes mains blanches
Que je suis sauvée du bruit. Gourmandise d’un silence
Où ma bouche et mon oreille Cueillent un audible fruit Mûri dans la solitude. Gardez-moi de la chanson
Qui tourne au coin de la rue Et de la fille éraillée Qui veut m’appeler sa sœur. Gardez-moi d’un grand amour
Qui trancherait mon courage
Avec un couteau tranquille
Aile aiguisée sur l’azur. Un ami s’en est allé A cheval sur un navire
Au galop vers quel soleil Pas celui de ma fontaine
Trop gris pour lever une aube
A la taille de ses yeux.
Si j’étais morte en rêvant
Rien n’aurait changé de face.
J’avais bien voulu partir
J’ai bien voulu revenir
Revenir à la fontaine
Découvrir la paix prochaine
Où les larmes vont fleurir.
(L’Arbre a Feu : Poemes, Angele Vannier).1950